Première Étude de Prospective Entreprises Travail & Handicap 2025

4 défis prioritaires pour l'emploi et le travail des personnes handicapées…

1er DÉFI
Le défi de la formation professionnelle doit être relevé en priorité pour réussir l'insertion des personnes handicapées

1er défi - Le défi de la formation professionnelle

La plus grande vigilance dans la mise en œuvre des réformes en cours en matière de formation professionnelle devra être portée à la fois par l’Etat, les régions, les entreprises, les grandes associations représentant les personnes handicapées, les syndicats … pour veiller à ce que la question des personnes handicapées soit traitée de façon prioritaire dans la mise en œuvre de ces réformes.

La montée en compétences des personnes handicapées est indispensable pour améliorer leur potentiel d’insertion sur le marché du travail. Les efforts qui seront engagés dans l’enseignement supérieur sont importants mais ils ne seront pas suffisants notamment en raison du retard pris. D’autres leviers devront être activés. La formation professionnelle initiale et continue doit être l’un des principaux leviers de l’adaptation des compétences des personnes handicapées aux besoins du marché du travail dans les années à venir. C’est très clairement l’un des principaux résultats de cette réflexion prospective collective.

L’évolution en profondeur de la formation professionnelle est en effet dans la quasi-totalité des scénarios élaborés un point de passage obligé pour parvenir à une dynamique positive en terme d’emploi et de travail des personnes handicapées. Cette évolution s’inscrit le plus souvent dans des dispositifs progressivement banalisés dont certains destinés aux publics fragiles.

C’est très probablement dans ce domaine de la formation professionnelle que seront obtenus les résultats les plus immédiats et les plus efficaces en matière d’emploi des personnes handicapées.

La nécessité de cet essor majeur de la formation professionnelle s’effectuera principalement à deux échelles qui apparaissent déterminantes au travers de cette étude :

  • les régions qui disposeront dans les mois, les années à venir de l’ensemble des leviers de la formation professionnelle et qui représentent probablement une échelle d’action adaptée pour répondre aux besoins des personnes handicapées en matière de formation et d’accompagnement vers l’emploi.
  • les branches qui progressivement se préoccupent de la question de l’emploi et de la formation des personnes handicapées dans le cadre de leurs actions : observatoire, développement de cycle de formation, …
    Cette échelle d’action paraît particulièrement adaptée permettant notamment de favoriser l’adéquation emploi – formation.

La puissance publique pourrait inciter l’ensemble des branches à traiter de la question des personnes handicapées dans leurs observatoires prospectifs et à proposer les plans d’action correspondants.

2ème DÉFI
Les PME, une cible prioritaire pour l'emploi des personnes handicapées À mieux connaître et à soutenir

2ème défi - Les PME, une cible prioritaire

L’Etat et les autres partenaires des organismes consulaires devront inciter à inclure dans leur programme d’action en direction des PME (formations, conseils, …) la question du développement de l’emploi des personnes handicapées.

Les études qualitatives ou quantitatives sur l’emploi des personnes handicapées au sein des PME sont rares et le plus souvent parcellaires. Pour autant le taux d’emploi au sein des PME relevant de l’obligation d’emploi est comparable à ceux des grandes entreprises (pour les plus petites ne relevant pas de l’obligation d’emploi des travailleurs handicapés, il est inférieur de seulement un point). Par ailleurs, une bonne part des mesures de la politique de l’emploi en faveur des personnes handicapées est naturellement tournée vers ces entreprises (Cap emploi, actions financées par l’Agefiph …).

On sait aussi que c’est au sein de ces entreprises que l’essentiel des emplois créés se trouveront. En conséquence, les PME doivent être une cible prioritaire pour favoriser l’emploi des personnes handicapées.

On l’a compris en préalable, il s’agit de conduire des études même sommaires permettant de mieux connaître les attentes, les besoins et les difficultés en matière d’emploi des personnes handicapées de ces petites structures.

Cette étape est nécessaire pour déployer des politiques proactives d’accompagnement facilitant l’insertion et les parcours des personnes handicapées au sein de ces structures.

Il s’agit aussi de favoriser par un certain nombre d’actions la mise en œuvre d’expérimentations comme cela a été fait sur d’autres problématiques en matière de GPEC ou de gestion des âges.

3ème DÉFI
L'augmentation de la part des jeunes handicapés à l'université et dans les lycées d'enseignement général est la prochaine frontière à franchir pour l'éducation nationale

3ème défi - L'enseignement

De la même façon que les entreprises doivent respecter une obligation d’emploi des personnes handicapées, il apparaît souhaitable que progressivement les universités respectent un taux (à définir) de personnes handicapées parmi leurs étudiants et disposent de budgets significatifs pour accompagner ces étudiants dans les différentes dimensions de leur vie à l’université.

L’université apparaît clairement comme un des domaines actions prioritaire autour duquel l’ensemble des acteurs se retrouve avec la nécessité de la mise en place de politiques volontaristes ambitieuses et probablement en partie coercitive.
Il faut aussi rappeler le préalable à l’augmentation du nombre d’étudiants dans l’enseignement supérieur : l’augmentation du nombre de lycéens au lycée général qui est aujourd’hui très faible (quelques milliers).

Au delà de l’augmentation du nombre d’étudiants, leur insertion professionnelle réussie dépendra aussi de deux facteurs essentiels : l’orientation vers des filières professionnalisâtes et l’insertion précoce dans des dispositifs favorisant la connaissance de leur futur milieu professionnel : stages, alternances, parrainages…
La progression forte du nombre de jeunes handicapés au sein du lycée général devra ainsi constituer une priorité dans les années à venir.

4ème DÉFI
Les ESAT et les EA, au cœur des changements en faveur de l'emploi des personnes handicapées

4ème défi - Les ESAT et les EA, au coeur des changements

L’Etat et les grandes associations gestionnaires devront dans les prochaines années engager d’importants efforts de conduite du changement au sein de ces structures et dans leur gouvernance pour favoriser l’innovation, l’ouverture vers l’extérieur, l’évolution de leurs champs d’actions, de leurs activités …

Les ESAT et les EA apparaissent tout au long de ces travaux prospectifs comme des éléments essentiels aux évolutions favorables du travail des personnes handicapées. Ces structures accueillent les publics les plus éloignés de l’emploi et , proposent des dispositifs innovants, mais encore rares comme les ESAT hors les murs. Demain, selon les hypothèses envisagées dans les différents scénarios de l’étude, elles favoriseront pour certains les passerelles vers le milieu ordinaire, elles accompagneront d’autres tout au long de leur parcours, etc.

Dans le même temps, ces structures font face à de nombreux défis : l’arrivée d’un public nouveau de personnes souffrant d’un handicap psychique, l’évolution du nombre de places offertes qui risque d’être limité dans les années à venir du fait des contraintes budgétaires après les augmentations significatives de la décennie, l’éparpillement de ces structures et notamment la quasi absence de mutualisation qui limitent leur capacité d’adaptation aux évolutions de l’environnement économique, le vieillissement des usagers et des personnels employés, le très faible taux de sortie qui se situe aux alentours de 1 %, l’éviction croissante des déficients intellectuels en raison de leur productivité réputée plus faible, la limitation des places sans relation avec les besoins, …